Côte d’Ivoire / Analphabétisme : Et si Yaoundé parlait à Abidjan !
C’est au terme de plusieurs initiatives organisées sur 2 mois dans le cadre des grandes vacances à travers le pays que les autorités ivoiriennes ont pris l’engagement de réduire de 30% le taux d’analphabétisme national dans un pays ayant un taux d’alphabétisme de 53% très loin derrière son frère camerounais qui plafonne à 71.29%. Quel est le secret du pays de Paul Biya ?
Le taux d’analphabétisme du pays d’Alassane Ouattara est de 47% , 2/3 sont des femmes. Cette disparité s’accentue en milieu rural. Le pays a pris l’engagement de réduire à un minimum de 30% le taux d’analphabétisme national, à courte échéance. Il a en fait un des axes importants de plusieurs programmes ou projets. Au nombre des axes importants figurent le Programme social du gouvernement (PSgouv), le Programme jeunesse du gouvernement (PJGouv), le Projet Swedd et bien d’autres. Par exemple, le Le PsGouv 2 prévoit un recrutement de 200 alphabétiseurs chaque année sur trois ans. Soit au total 600 alphabétiseurs. Ceux-ci vont mettre en place un programme d’alphabétisation de 18000 adultes, dont 6000 chaque année de 2022 à 2024. Plusieurs autres programmes sont implémentés dans le pays et sont susceptibles d’influencer positivement le curseur de l’alphabétisation.
Les taux d’alphabétisation des adultes sont non seulement cités en tant qu’indicateurs socio-économiques de la pauvreté, mais aussi comme éléments permettant d’établir l’indice de développement humain (IDH). Pour se faire, celui-ci devrait être proportionnel à cet indice de développement et par extension au produit intérieur brut. Pourtant l’on peut tout de même se poser la question comment un pays ayant un niveau de développement aussi élevé, 10ème économie d’Afrique avec 70.04 milliards USD (2021) de PIB et 2,549.04 USD (2021) de PIB par habitant peut avoir un taux d’alphabétisme aussi faible par rapport aux pays comme le Cameroun ayant des paramètres nettement inférieurs à celui lui ? Ceci amène à revoir les composantes des paramêtres du pays des Eléphants pour se rendre compte que les sociétés françaises, estimées à 600 par la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Côte d’Ivoire (CCIFCI) représentent un tiers du PIB du pays, 50% des recettes fiscales et un quart des investissements réalisés sur le sol ivoirien soit 409.2 millions USD. Le PIB par habitant étant tributaire du PIB global il devient très difficile de pouvoir établir une rationalité avec son taux d’alphabétisation.
Si la Richesse des investisseurs étrangers peut influencer certains paramètres de développement, elle influence très peu l’alphabétisme d’où la disparité avec le taux d’alphabétisme camerounais qui se situe à près de 72% pourtant avec un PIB du pays qui est estimé à 45,705 Milliards USD dans un pays où la Chine reste le premier fournisseur du Cameroun avec 17 % des parts de marché, suivie de la France 9 %. Au de là des normes économiques, le pays a depuis 1980 ayant seulement 41,21% de taux d’alphabetisation, Paul Biya alors Premier Ministre, avait entamé une série de reformes pour l’amélioration de l’offre et des contenus éducatifs basés sur la multiplication des centres éducatifs, sur la libéralisation de ce secteur et bien d’autres reformes qui ont abouti après 43 ans à multiplier ce taux pratiquement par deux. Même s’il y a encore du boulot parce que les conditions de vie du personnel enseignant restent toujours un gros souci, il est évident que ce pays pourrait servir de modèle pour certains pays comme la Cote d’Ivoire dans sur le plan éducatif.
Simon Metsengue