Cameroun/JIT : Quels travailleurs pour l’émergence 2035 ?
La ressource humaine est la principale richesse d’une entreprise et d’un pays. Le traitement de la ressource humaine du Cameroun constitue d’-il un frein ou un catalyseur pour l’émergence projetée en 2035 ?
Le Cameroun se joint au reste du monde pour célébrer la 138ème journée internationale du travail axée sur le : « Dialogue social constructif, facteur de promotion du travail décent et de progrès social » pour beaucoup ce n’est qu’une fête. Pagne, polo ou tee-shirt pour un meilleur défilé puis place aux discours et aux agapes et le reste n’est que souvenir. Mais cette journée symbolise la lutte syndicale des travailleurs aux USA pour réclamer des conditions de travail décentes mais aussi la journée de travail fixée à 8heures. Cette lutte a réussi le 1er mai 1886 et a permis à environ 200 000 travailleurs d’obtenir la journée de travail de 8 heures.
Mais au Cameroun, ces luttes continuent mais plus dans le public. Le privé restant à la traine. L’on a assisté à des batailles syndicales des enseignants pour obtenir de l’Etat certains privilèges et avantages. Certains ont été obtenus, l’Etat a formulé des promesses pour d’autres. L’on note aussi le Barreau et l’ordre des médecins … qui continuent cette lutte pour le bien-être des travailleurs de la corporation. Mais ce n’est pas le cas de plusieurs secteurs d’activités dans le privé. C’est connu de tous au Cameroun dans le monde de l’emploi que le privé n’est pas une garantie de faire carrière. Il faut être chanceux pour avoir son salaire tous les mois. Celui-ci constitue un acte de générosité de l’employeur et non un devoir. Pour éviter d’avoir la CNPS sur le dos, la plupart ne font pas de contrat écrit aux employés. Dès qu’un travailleur a fait 3 ans, il devient gênant et on commence à réfléchir comment le faire partir de façon abusive. Certains s’en vont stoïquement, d’autres, les plus futés choisissent de saisir l’inspecteur du travail. Mais après plusieurs convocations sans succès, l’affaire est aux oubliettes.
Cette situation d’instabilité crée un sentiment de chômage dans la tête des près 7 millions de travailleurs du privé mettant ainsi une pression énorme sur le premier employeur qui est l’Etat. Lui-même qui a déjà maille à partir avec ses plus de 324 000 employés. Bien comprendre que le taux de pauvreté du pays est estimé à 38% 8.4 million de travailleurs avec 14.3% de travailleurs couvert par la sécurité sociale. Ainsi, la fête du travail au-delà du côté réjouissance et festif, doit permettre de faire avancer la cause de la ressource principale catalyseur de l’Emergence du Cameroun. L’on n’a qu’à voir la précarité ambiante dans laquelle baigne les journalistes de la quasi-totalité des entreprises de médias privés au Cameroun. Les résultats font froid au dos. 10 , 15 , 20, 30 mois de salaires impayés. Les syndicats de ceux-ci ne sont aucunement gênés, les inspecteurs du travail attendent sur place, les patrons cela coulent douce et pourtant le Cameroun a besoin du 4ème pouvoir. Ce n’est pas le seul secteur, les transporteurs inter urbains idem. Les 3 acteurs responsables du bien-être des travailleurs à savoir l’Etat, le patronat et le syndicat regardent certainement ailleurs.
En sommes, au niveau de la fonction publique, les salaires restent vraiment bas cela peut expliquer pourquoi les poches de corruptions sont persistantes dans certaines administrations plus proches des prises de décisions sur les populations. Pour ce qui est du privée, l’Etat est plus dans une régulation de collaboration qu’une de contrôle pour veiller strictement à l’application des conventions collectives des travailleurs par le patronat. Pour ce faire, les syndicats des corporations doivent prêter main forte à l’Etat dans le cadre de la dénonciation. Le Cameroun ne doit pas être une terre d’esclavage pour certains compatriotes. Si cela n’est pas corrigé c’est la marche inexorable du pays vers son émergence qui sera compromise.
Simon Metsengue