Cameroun /Politique :  Extrême pauvreté

Cameroun /Politique : Extrême pauvreté

Dans l’ambiance surchauffée causée la semaine dernière par l’adoption de la loi portant prorogation du mandat des députés, la bonne nouvelle est passée plus ou moins inaperçue, en dehors de quelques cercles restreints. La voici : selon des données publiées par le Fonds Monétaire international (FMI), en 2023, avec un PIB par habitant de 1710 dollars, le Cameroun aurait surclassé le Nigeria qui affiche un PIB de 1690 dollars. « Coup de tonnerre », « tour de force spectaculaire », « prouesse », « performance majeure », les éloges et les propos flatteurs pleuvent sur le Cameroun comme une averse en saison sèche. Les bonnes nouvelles font rarement la Une des médias et sont relayées avec parcimonie. Celle-ci vaut pourtant tout son pesant d’or ou …d’argent. Elle signifie, si elle est avérée, que le Cameroun fait des efforts et poursuit sa marche en avant dans un contexte très difficile.

Les rabat-joie vont s’empresser de rappeler qu’il s’agit de macro-économie et que « ça ne se mange pas ». Ils n’auront pas tort d’autant que dans le même temps, les prévisions du Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud) projettent que d’ici quelques années, vingt-cinq pour cent (25%) de Camerounais vivront dans l’extrême pauvreté ; c’est-à-dire avec moins de mille francs CFA par jour. Le rappeler aujourd’hui, alors que tous les acteurs politiques sont déjà sur le pont pour préparer les prochaines échéances électorales, c’est donner davantage de résonance aux propos du Président Paul Biya qui disait le 5 juillet 2001 dans son discours d’ouverture du deuxième congrès extraordinaire du Rdpc: « Aussi longtemps qu’un Camerounais ne mangera pas à sa faim, qu’il n’aura pas accès à l’éducation, qu’il ne recevra pas les soins de santé  auxquels il a droit, notre tâche ne sera pas terminée. »

 

Rappeler cette déclaration aujourd’hui, c’est mettre les acteurs politiques et les pouvoirs publics face à leurs responsabilités.

Certes les performances économiques, à l’instar de la hausse du Produit intérieur brut par habitant, méritent d’être saluées, mais elles restent quelque peu abstraites si elles n’ont pas d’impact sur la vie quotidienne des populations. La conquête ou la conservation du pouvoir doivent donc aller de pair avec les efforts de lutte contre la pauvreté et…l’insécurité. Voilà une belle ébauche d’un programme de campagne électorale. En effet, selon les données de l’institut national de la statistique, il existe une corrélation entre la pauvreté et l’insécurité et les régions les plus pauvres du Cameroun sont l’Extrême-nord et le Nord-ouest.

 

Au moment où les Camerounais sont appelés à se mobiliser plus que jamais pour s’inscrire sur les listes électorales, les responsables politiques devraient se montrer plus attentifs aux attentes et aux aspirations des populations, notamment dans les régions considérées comme des réservoirs de voix. Il faut éviter d’insulter l’avenir ou de cracher en l’air. Il y a un peu plus de vingt ans, en tant que force de proposition, le Rdpc avait eu une divergence avec le gouvernement de la République suite à la publication d’un rapport du Pnud sur l’état de la pauvreté au Cameroun. Déjà. Alors que le gouvernement avait tendance à nier les faits, le parti estimait plutôt qu’il ne fallait pas casser le thermomètre mais s’attaquer avec énergie aux causes profondes de la fièvre. Il n’y a plus de divergence aujourd’hui mais la situation n’a guère changé.

 

Le diagnostic et le traitement restent les mêmes : il faut attaquer le mal par la racine.

Avec le répit qu’offre la prorogation des mandats des députés et des conseillers municipaux, les responsables et les élus locaux du Parti pourraient davantage mobiliser et entraîner les populations et les militants dans des actions de proximité en matière de lutte contre la pauvreté.

Par Christophe Mien Zok/ Editorial du Journal L’Action 1474

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