Cameroun/ Financement politique : Comme un Larron !
Le président du MRC, Maurice Kamto, a lancé une vaste collecte de fonds pour préparer la campagne présidentielle de 2025. Quelle peut être la crédibilité d’une telle opération ?
Le président du directoire du MRC, Maurice Kamto, a lancé une vaste opération de collecte de fonds pour la campagne présidentielle ce 30 janvier 2025 dans le quartier Odza à Yaoundé. Cette collecte, présentée comme nationale et internationale, vise à financer sa campagne pour l’élection présidentielle d’octobre 2025. Il a ainsi appelé les Camerounais de tous bords à se mobiliser pour la cause. Ce n’est pas la première opération de collecte du MRC. En 2020, lors des législatives et municipales, certaines sources avaient soupçonné le directoire d’avoir reçu une importante somme d’argent pour retirer le MRC de la course, alors que le parti était arrivé deuxième à la présidentielle de 2018. Ces sources justifiaient ces soupçons par le départ de plusieurs cadres du parti, notamment Célestin Djamen et Michèle Ndocki, qui avait finalement tenté de prendre la tête du parti avant de se retirer dans l’anonymat. À cette liste s’ajoute le Dr Sosthène Médard Lipot et d’autres. Si rien ne prouve ces allégations, restées au stade de la rumeur, la collecte actuelle, officiellement organisée en marge de la pandémie de Covid-19, reste l’une des actions ayant le plus révélé le caractère trouble du promoteur de la nébuleuse baptisée « Survie-Cameroun ».
Lancée en 2021 sans statut juridique, cette initiative avait pour prétexte de « sauver le Cameroun des affres de la Covid », le promoteur affirmant que le régime RDPC était incapable de protéger le pays. Officiellement, un peu plus de 600 millions de FCFA avaient été mis à la disposition de la nébuleuse. Toutefois, des sources proches estimaient la collecte à plus de 5 milliards de FCFA. Me Ntimbane Bomo, l’un des parrains du projet, déclarait : « Survie-Cameroun : près de 8 millions d’euros, soit 5 milliards de FCFA de dons, enregistrés au 25 juillet 2020. » La gestion de ces fonds s’est pourtant révélée calamiteuse, marquée par des soupçons de détournement. Après plusieurs audits commandés à des cabinets internationaux, il fut prétendu qu’un bug informatique avait fait disparaître près de la moitié des fonds. Aucun marché n’avait été passé selon les règles de droit en vigueur, et aucun bilan n’a été publié. L’affaire fut étouffée, non sans emporter certains alliés de Maurice Kamto, comme Paul Eric Kingué ou encore Christian Penda Ekoka, qui s’insurgeait dans une vidéo Facebook : « Qui peut croire à un bug ? » La polémique s’éteignit en deux semaines… jusqu’à ce que Kamto relance une nouvelle collecte, cette fois pour financer sa campagne.
Pourtant, le MRC n’a aucune chance d’investir Maurice Kamto pour la présidentielle d’octobre prochain. L’hypothèse d’une candidature indépendante semble perdue d’avance ; reste celle de se faire investir par un parti éligible. Or, cela ne se fera pas sans contreparties. La collecte publique pourrait donc servir à convaincre ces partis… ou, si les négociations échouent, à tenter un forcing avec l’APC , incluant le parti de l’honorable Jean Michel Nitcheu le FCC, qui, malgré son inéligibilité, persiste à manipuler l’opinion. Dans tous les cas, il faudra beaucoup d’argent pour influencer médias et soutiens.
Cette démarche rappelle étrangement la Passion du Christ : Ponce Pilate, voulant sauver Jésus, demanda à une foule manipulée par les grands prêtres de choisir entre lui et Barabbas, un criminel. La foule choisit Barabbas. Qui sont aujourd’hui ces « grands prêtres » qui préfèrent le chaos pour le Cameroun ? Ceux qui refusent de rendre des comptes sur « Survie-Cameroun » ? Ceux qui simulent un financement social pour alimenter des troubles futurs ?
En somme, certains voudraient que le diable dirige le Cameroun, corrompant la foule tout en préparant une révolte sous de faux prétextes. Mais le Fils de l’Homme, cru mort après le Vendredi saint, ressuscita le troisième jour, libérant son peuple des ténèbres. Rien de nouveau sous le soleil : le Cameroun, lui, entend rester maître de son destin.
Simon Metsengue
