Présidentielle 2025 : Autopsie d’une victoire amère ( Acte 1)

Présidentielle 2025 : Autopsie d’une victoire amère ( Acte 1)

De mémoire d’observateur de la scène politique au Cameroun, notamment des différents scrutins présidentiels, je puis affirmer que c’est la première fois que Paul Biya est élu par les Camerounais avec le cœur. 53,66%, au vu de toutes les velléités concurrentes qui l’ont marqué, ce pourcentage dénote véritablement de la côte de sympathie dont jouit le chef de l’Etat camerounais auprès de ses concitoyens. D’aucuns diraient qu’en 1992, il est descendu moins que ça. Soit! Mais en réalité, les contextes sont différents.

En 1992, au lendemain de l’avènement de la démocratisation, par la volonté du même Paul Biya, le Rdpc et le Cameroun ont ressemblé à ce poulailler qui, resté longtemps fermé, a ouvert subitement ses portes. Conséquence, les 3/4 d’individus (contenu), ont eu envie de goûter à la liberté qu’offre l’air pur, soutenu par cette envie de chercher sa pitance quotidienne soi-même, etc. Quite à ce que ces poulets se rendent compte qu’il est plus difficile de se nourrir seuls dehors. Vaut mieux encore avoir sa ration quotidienne régulière. D’où ce regain de forme du Rdpc dès 1996, avec le retour dans ses rangs de ceux-là qui l’avait déserté.

Concrétisé par les élections de 1997 jusqu’en 2018, avec ces pourcentages en dents de scie, mais jamais alarmants. Or, 2025 comporte ses réalités irréversibles et implacables. 53,66%, est le résultat du clash entre les populations et la classe politique, notamment celle du Rdpc, le Parti de Paul Biya. Cette élite longtemps restée orgueilleuse, imbue d’elle-même, croyant que tout allait de soi, tout était normal et que c’était naturel que Paul Biya passe et gagne une élection sans que ses lieutenants ne mouillent véritablement le maillot sur le terrain. Pourtant, ces lieutenants vous claironnaient qu’une élection se prépare et se gagne au lendemain de la précédente. Ce qui suppose qu’il faut se mettre au travail immédiatement après la prestation de serment. Mais ce qui surprend est justement ce 53,66%. A la limite de la majorité absolue. Paul Biya n’a pas habitué ses compatriotes à ce genre de score concernant une élection qui l’engage.

JAMAIS!

Plus surprenant encore, ce 100% promis à longueur de meetings, annoncé bien longtemps avant le début de la campagne, très longtemps avant la convocation du corps électoral. Trop longtemps avant 2025, diraient certains. Comment comprendre en effet que, pendant la campagne, les meetings faisaient foule, à la limite des carnavals, et qu’au finish Paul Biya en soit à raser les suffrages ? D’autres diraient que c’est l’expression de la vitalité de notre démocratie. La démocratie à la Camerounaise. Soit. Mais, ne nous voilons pas les yeux: il y a un caillou dans la chaussure. Ça coince quelque part. Je dirais même que ça commencé à coincer depuis bien longtemps. Mais comme pires aveugles, nous avons refusé de voir venir le tsunami. En effet, comment comprendre qu’avec un nombre si impressionnant des membres des bureaux de ses organes de base, du Comité de base à la Section, en passant par les Sous-sections, nul besoin d’en faire l’inventaire ici, associés aux millions de simples militants, que Paul Biya s’en tire avec ce résultat? Bravo à ces Camerounais sincères qui viennent de prouver qu’ils croient encore à ce Paul Biya, véritable cadeau du ciel pour le Cameroun. Ils l’ont plébiscité avec le cœur et peut-être avec la raison. Demain pointe déjà à l’horizon avec son lot d’élections locales. Le match sera dur. Il ne s’agira plus d’une confrontation entre le Real de Madrid et Tarzan d’Obala. Je n’irais pas à comparer avec Coton sport. Il faudra aller balle au pied. Tous ces ” un virgule quelque chose pour cent “(1,..%) obtenu à cette présidentielle ne voudront pas s’en laisser compter, surtout pas. Ils se positionneront pour avoir quelques sièges dans les Communes et pourquoi pas à l’Assemblée nationale. Fragilisant ainsi les coudées franges qu’espere avoir Paul Biya pour parachever son projet de societe. Sans oublier les habitués de ces consultations, ces vieux briscards qui sauteront sur ce pain béni offert par le Rdpc pour grappiller quelques Communes entières.

Rien n’est exclu si rien n’est fait entre remps. Il est temps de sonner l’alarme. Dans la diaspora, le chef a tout perdu. A l’intérieur, sur dix régions du Cameroun, le Président en a laissé échapper quatre et pas des moindres. Au profit d’un candidat qu’on ne voyait même pas venir. Je dirais même, qui n’existait pas. Et il est plus que certain que, d’autres Partis politiques qui hier (février 2020) avaient boycotté ces échéances, reviendront en force. Pour eux, plus question de ” Erreur for mboutoukou, na damé for ndoss”.

William Monayong

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