Cameroun/Journée mondiale de l’habitat : logements Sociaux pour les riches !
La Ministre camerounaise de l’habitat et du Développement urbain -MINDUH a pris part à Garoua à une réunion autour des acteurs nationaux et internationaux de l’habitat pour marquer la célébration de la 37ème édition de journée mondiale de l’habitat ce lundi 02 Octobre 2023. Dans un contexte de crise de logement et d’inflation galopante comment comprendre la confiscation des logements dit sociaux par la minuscule classe bourgeoise ?
Comme il est de coutume en de telles circonstances, les autorités camerounaises ont marqué la 37ème édition de la journée mondiale de l’habitat par une importante réunion regroupant les acteurs nationaux et internationaux du secteur de l’habitat au Cameroun à Garoua Ville hôte ce lundi 02 Octobre 2023. Il a été question pour les acteurs de jeter un regard sur les enjeux du logement dans le monde en général et au Cameroun en particulier. Pour le Représentant Résidant de l’OMS au Cameroun, Dr Phanuel Habima qui a lu le message du Secrétaire Général de l’ONU, il a été question d’appeler les acteurs du secteur à travailler à un meilleur accès au logement “Nous devons travailler ensemble pour créer des villes durables, inclusives et résilientes, où tous les êtres humains puissent vivre et prospérer” la Directrice exécutive de Onu-Habitat agissant en vidéoconférence a également emboité le pas de son collègue de l’OMS. La Ministre de l’habitat et du développement urbain, Célestine Ketcha Courtès, de son côté a souhaité “ donner un visage plus avenant aux villes camerounaises”, Etaient aussi présentes dans la salle des fêtes du stade omnisport Roumdé Adjia, le ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle, Issa Tchiroma Bakary, la secrétaire d’État auprès du MINHDU chargée de l’Habitat, Marie Rose Dibong et le gouverneur du Nord Jean Abate Edi’i.
Mais au-delà de cet important déploiement protocolaire et des grands discours prononcés pour la circonstance, les populations des villes au Cameroun sont dans le désarroi quant à acquérir un logement décent. Les villes camerounaises depuis près de 50 ans sont plongées dans un contexte de mutation sociale et d’accroissement démographique. À cela s’ajoute de façon conjoncturelle l’inflation galopante qui met une pression énorme dans les ménages occasionnant ainsi des tensions sociales comme constatées ça et là dans les corps de métier. Les salaires sont de plus en plus bas, le bail dans le privé très couteux qui avoisine pour les classes modestes qui représentent plus de 60% des populations urbaines pratiquement leur revenu mensuel, le choix est donc tôt fait de se tourner vers les logements sociaux que l’Etat a cru offrir à ces classes modestes et moyennes pour baisser cette pression conjoncturelle. Hélas, c’est à ce niveau qu’on rencontre un phénomène d’une méchanceté sournoise. Ces logements sociaux de par les conditions d’acquisition restent l’apanage de la minuscule classe bourgeoise et l’on est donc amené à questionner l’implémentation de la politique de l’habitat au pays de Paul Biya. Pourtant dans son énoncé a pour objet de permettre aux classes modestes d’accéder à un logement décent. Pour ce faire de nombreuses initiatives visant d’une part la viabilisation des parcelles et d’autre part la construction de logements dits « sociaux » ont été engagés à cout de forts financements. Si ces projets connaissent des résultats mitigés, fort est de constater que l’exclusion des citoyens moyens dans l’acquisition de cette manne causée par des pratiques de corruption et autres pratiques contraires aux normes susceptibles de permettre que ceux pour qui ces logements ont été conçus soient les réels bénéficiaires. Il devient donc urgent que la politique de logement social au Cameroun subisse des aménagements conséquents en mettant au cœur de tous les intérêts la classe modeste et moyenne et de réguler les pratiques des acteurs privés en pénalisant la surenchère tout comme l’on pénalise la filouterie.
Simon Metsengue
