Cameroun/ médias : ivres de liberté !
Le CNC, la préfectorale sont débordés des multiples sorties de pistes de certains médias et des hommes qui les animent. Au final, la petite bête n’est-elle pas cachée dans la trop grande ouverture à la liberté d’expression ?
Le Cameroun a mal à certains de ses médias et à ses professionnels du traitement de l’information. Il ne se passe plus un jour sans qu’il y ait un média qui est interpellé pour le caractère subjectif ou approximatif des informations diffusées ou alors laissé diffuser sur ses espaces dédiés. La mode réside dans ces médias à organiser des papiers ou des émissions à charges contre certains responsables ou hauts commis de l’Etat. Tout y passe, entre insultes et diffamations, la limite est désormais diffuse avec la liberté de ce qui peut être dit et le délit. Peut-être parce que certains ont déclaré être désormais dans la nuit aux longs couteaux où tout est permis. L’Etat de Non droit. En tout cas nécessité est droit a affirmé un Acteur politique camerounais pour justifier l’existence d’une nébuleuse. La mission d’information du citoyen propre au journaliste est en train de laisser place aux francs-tireurs. Pourtant cette mission est génératrice de droits et de devoirs, donc d’une responsabilité sociale spécifique qui sert d’élément structurant à sa constitution en tant que profession. Entre autres devoir celui d’informer, le respect du lecteur, de l’intérêt public…
Cela impose donc à chacun des professionnels de souscrire obligatoirement aux sept principes qui gouvernent la profession de journaliste : véracité, exactitude et communication fondée sur les faits, indépendance, objectivité, impartialité, équité, respect d’autrui et de responsabilité publique. Tout ceci est devenu accessoire pour beaucoup d’hommes et femmes de médias. Le Dimanche, un cocktail de ragots et de grossièreté est servi au mépris du public. Certains comédiens déguisés en experts en tout mais parfois en rien se font honteusement appeler « consultant permanent ». Le pays de Paul Biya n’est plus très loin du Rwanda de 1994 avec de véritables radios et télévisions mille collines à la camerounaise dont la mission est claire : semer et entretenir les germes de l’implosion au prétexte de l’encadrement légal favorisés par les lois du 19 décembre 1990 sur les libertés ou encore la Constitution de 1996 qui elle-même adoube les acquis de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme et l’adhésion du Cameroun à la quasi-totalité des normes internationales en matière de libertés fondamentales. Ça craint. Il devient très urgent de mettre un accent sur la déontologie et les bonnes pratiques du métier de journaliste pour pas se retrouver au pays de « si je savais »
Simon Metsengue