Cameroun/politique :  Echec de l’Opposition, Code électoral ou la qualité des hommes, à qui la faute ?

Cameroun/politique : Echec de l’Opposition, Code électoral ou la qualité des hommes, à qui la faute ?

Le Secrétaire Général du Comité Central du RDPC a annoncé une tournée nationale à partir du 21 Septembre prochain dans un environnement où l’opposition peine à exister sur la scène et ce, depuis son âge d’or en 1992. Qu’est ce qui peut justifier cette décrépitude des partis d’opposition au Cameroun ?

 

Le RDPC, fidèle à sa stratégie multiplie des descentes sur le terrain dans le but de former, fidéliser et surtout maitriser l’électorat sur tout le territoire Camerounais. Etre en permanence aux cotés de sa base pour conforter son statut de leader sur la scène politique du pays est son objectif affiché pour lui garantir l’éternité du pouvoir démocratique au Cameroun.  C’est donc une routine pour Jean Nkuete d’être de façon périodique en tournée tant en période de campagne électorale qu’en période intermédiaire. Après la tournée préparatoire aux sénatoriales en Juillet 2022 qui l’a conduit tour à tour dans l’Adamaoua, à l’Ouest, dans le littoral, à l’Est et dans le Sud, il repart dès le 21 Septembre prochain pour une autre tournée cette fois couplée à une mission de formation des cadres du parti et des élus pour une meilleure implémentation de la décentralisation et du développement local. Tout ceci vise à conforter son hégémonie nationale.   Les résultats en témoignent bien. Dans cette mandature, le parti a battu les records : un Président de la République, 93 Sénateurs/100, 152 députés/180, 9 régions /10, 316 maries/360 et 14 Mairies de ville /14. Mais comment un parti qui, en 1992 avait seulement 88 députés /180 et donc une majorité relative qui l’empêchait d’implémenter aisément sa politique sans recourir à des alliances ou encore qui a gagné les présidentielles avec une majorité relative de 39% contre 36% pour son suivant immédiat fait aujourd’hui pour contrôler la quasi-totalité des parts politiques du pays ?

A cette question, certains analystes politiques pointent un doigt accusateur sur le code électoral, sur la proximité entre le RDPC et l’administration territoriale (Ministère de l’intérieur) et n’hésitent pas à qualifier le RDPC de parti-Etat, certains détracteurs parlent de fraude pire encore, d’autres accusent ELECAM, organe en charge de l’organisation des élections et des referenda d’être à la solde du RDPC. Certains analystes occidentaux se laissent même séduire par ces thèses qui abondent sur cette question.  Seulement, ceux qui font ces analyses, omettent de retracer l’histoire de la démocratie au Cameroun afin de comprendre la fragilité que décrivent les partis d’opposition. En prenant pour référence l’année électorale de 1992, fort est de constater que c’est la seule fois où le Ministère de l’intérieur a eu à organiser seul les élections. Elections au terme desquelles le parti de Paul Biya a connu les plus faibles résultats de son histoire. Cela n’a pas empêché à l’opposition de contester les résultats en accusant l’administration d’être juge et partie. Cela avait abouti lors de la tripartite à la mise sur pied d’un code électoral consensuel qui subit des modifications au fil du temps ainsi qu’un organe indépendant en charge de l’organisation des élections. En 1997, ONEL 1, puis ONEL 2 mais les score aux différentes élections du RDPC n’ont fait que grimper jusqu’à la mise sur pied de ELECAM. En clair, le problème réside dans la qualité des ressources humaines qui dirigent les formations politiques de l’opposition. Après 1992, les partis d’opposition comme le SDF leader à l’époque, plus connu comme un parti anglophone n’ont pas fait d’efforts pour étendre leur puissance dans les autres régions du pays. Il est resté dans la revendication d’une prétendue victoire au lieu de travailler à consolider sur tout le triangle national sa puissance. La crise anglophone viendra confirmer sa fragilité d’appartenance linguistique et non nationale. Un autre parti, transfuge du SDF, le MRC qui a repris les parts politiques du SDF à l’Ouest et au Littoral a travaillé pour trivialiser ce parti en lui donnant une consonance tribale. La déclaration de son leader en Octobre 2018 au Conseil Constitutionnel en est une parfaite illustration. Certains internautes l’appellent ironiquement « le père du Concours Bulu ». D’autres leaders naissent et poussent comme des champignons mais les appareils politiques restent grippés. L’opposition a perdu 30 ans dans l’agitation au lieu de batailler pour se tailler des bastions sur le plan national. Résultat des courses, certains fantasment sur une alternance par des mécanismes insurrectionnels populaires ou par des putschs ce qui n’a quasiment aucune chance d’arriver. L’Opposition Camerounaise est donc à la croisée des chemins. Soit elle restera un faire-valoir utilisé pour la convenance et pour son agitation, soit alors elle revoit ses méthodes en travaillant véritablement dans l’implantation de véritables appareils politique et leur entretien permanent pour espérer un jour au Cameroun voir une élection avec un score étriqué ou alors une alternance au sommet de l’Etat.

Simon Metsengue 

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