Guinée/sécurité: Massacre du Stade de Conakry,  entre Justice et calcul politique!

Guinée/sécurité: Massacre du Stade de Conakry, entre Justice et calcul politique!

13 ans que le massacre de Conakry a eu lieu, voilà que la justice Guinéenne se penche sur cette affaire . Est – ce par pure désir de rétablir les responsabilités ou alors par calcul Politique ?

Treize années après les massacres des populations civiles au célèbre stade de football de Conakry, le colonel Mamadi Doumbouya vient d’ordonner le jugement des responsables présumés de cette journée de tueries, viols et autres violences. Les mêmes violences qui furent exercées contre l’opposition à la junte du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), dirigée à l’époque par le capitaine Moussa Dadis Camara. Le même, qui aujourd’hui se retrouve derrière les barreaux avec ses présumés complices.

Le 28 septembre 2009, une horde de tueurs, venue du camp de Kaleya, avait déferlé sur la capitale guinéenne pour « nettoyer » leurs adversaires à la tête de l’Etat. A l’origine de cette force supplétive, principalement composée en majorité de jeunes recrues venues de Guinée forestière, entraînées à l’époque par des experts israéliens, on retrouve le capitaine Moussa Dadis Camara.

Le bilan humain fut effroyable avec de nombreux citoyens tués à l’arme blanche, des femmes violées sur la pelouse du terrain de football. Le drame assombrit à jamais le régime de Moussa Dadis Camara, dont le pouvoir fut abrégé par un attentat commis sur sa personne, en décembre 2009, par son propre aide de camp, Aboubacar « Toumba » Diakité, qu’il a désormais rejoint à la Maison centrale de Coronthie.

Malgré une forte pression de la communauté internationale, des organisations des droits humains, de l’opposition et des familles de victimes, le procès n’eut pas lieu sous la présidence Alpha Condé, lui-même absent du pays au moment des faits, mais dont les partisans furent parmi les victimes du drame du 28 septembre 2009. Seuls trois leaders politiques – Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et Jean-Marie Doré – furent indemnisés à hauteur de 2 milliards de francs guinéens chacun.

Empêtré dans les écueils de la mal-gouvernance d’une transition sans date, ni calendrier précis, le légionnaire Mamadi Doumbouya tente d’allumer des contre-feux pour distraire les Guinéens – après l’usure de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief) –, dans l’objectif de satisfaire ce « dur désir de durer » d’un ancien caporal de l’armée française qui a pris goût au pouvoir et à ses délices.

Dans le calcul de ses conseillers, ce procès va prendre du temps et reléguer les autres priorités aux calendes grecques. Ensuite, le plan consiste à ouvrir un autre procès contre l’ancien régime, celui du président Alpha Condé, pour disqualifier tous les potentiels prétendants à la magistrature suprême.

Enfin, l’idée est de donner un « os à ronger » à la communauté internationale, sensible aux questions des droits humains et de la lutte contre l’impunité. Car le plan secret et final de Mamadi Doumbouya est d’obtenir une transition équivalente au moins à un mandat présidentiel.

Pour préparer dans le meilleur des cas, un homme de paille susceptible de protéger sa sortie. Ou, pire des scénarios, tenter de briguer lui-même un mandat présidentiel.
Et pour cela, en Guinée, les démagogues ne manquent pas pour l’accompagner. La preuve, n’eut été son « accident de travail » treize ans plus tôt, Moussa Dadis Camara avait la même tentation. Ceux qui soutenaient hier le bouillant capitaine figurent, aujourd’hui, parmi les mêmes zélateurs de Mamadi Doumbouya.

Patrick Marchand

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