Niger /pétrole : Niamey lorgne à nouveau Yaoundé !
Depuis la levée de l’embargo de la CEDEAO en Février 2024, le Niger et le Benin sont en profond désaccord concernant le transit du pétrole nigérien vers Cotonou . Les tensions restent vives et Niamey pense la piste du Tchad pour déboucher au Cameroun.
La Prise de position du Benin contre la Junte militaire et ses actions en faveur d’une intervention militaire de la CEDEAO contre elle ont exacerbé les tensions entre Cotonou et Niamey entrainant la suspension du transit du pétrole Nigérien vers le Benin via le pipeline construit à cet effet. Géant de 2000 kilomètres de long entre le champ pétrolifère d’Agadem et le port de Cotonou Fonctionnel depuis Mai 2024. Plus de 2400 milliards de FCFA ont été investis pour la cause. Ces investissements ont permis de porter la production pétrolière du Niger à 110.000 barils par jour. Pourtant c’est bien le Benin qui s’est montré très intransigeant en exigeant du Niger d’ouvrir ses frontières alors même que Niamey excluait le transit du brut dans la fermeture des frontières. Le 6 mai, bien que le Bénin ait rouvert son côté de la frontière, le Niger à gardé le sien fermé. Patrice Talom alors décide alors d’interdire aux navires de charger du pétrole nigérien sur son territoire tant que la frontière reste fermée. Niamey ne cèdera pas . Le 15 mai, Le Bénin autorise un premier navire à exporter le pétrole nigérien par le port de Sèmè-Kpodji de façon « ponctuelle et provisoire ». les tensions vont prendre une autre tournure lorsque des membres nigériens de l’équipe Wapco-Niger sont arrêtés à Porto Novo. Le Général Tiani décide à son tour de fermer les vannes de l’oléoduc qui acheminent le pétrole du Niger au Bénin. Il s’assure de l’effectivité de la mesure le 12 juin 2024. Le Niger décide donc de réactiver une piste pourtant moins onéreuse et plus sure que le Président Bazoum avait abandonné au profit du Benin : celle du Cameroun via le Tchad. Le 24 Juin 2024 au cours d’un Conseil des ministres le gouvernement nigérien a actualisé la piste du projet d’exportation du pétrole brut via le pipeline le Tchad et le Cameroun long de 1080 km. Les sources locales indiquent qu’une commission a été mise sur pied. Il est une chose, les solutions les plus difficiles à prendre s’avèrent souvent les meilleures.
Ce projet d’acheminer le pétrole brut via le Cameroun ne date pas d’aujourd’hui pour ce qui est du Niger. En 2013, un accord a été passé entre Yaoundé et Niamey suite à l’application de la loi n°96/14 du 5 août 1996 du Cameroun portant régime du transport par pipeline des hydrocarbures en provenance des pays tiers. L’accord fixe les conditions de transit sur le territoire camerounais des hydrocarbures en provenance du Niger et leur évacuation jusqu’à la côte atlantique camerounaise. En 2018 le Niger est revenu à la Charge pour concrétiser cette demande en se greffant au pipeline Tchad Cameroun. Seulement, les certaines officines occidentales hostiles à Yaoundé ont déconseillé le pouvoir de l’époque ne Niamey de mettre la destination Cameroun de Côté prétextant le terrorisme . Le Niger de Mohamed Bazoum avait alors opté pour le Benin le projet a été lancé en 2022, un méga-projet d’environ 1980 kilomètres dont 675 kilomètres sur le territoire béninois a été confié à l’entreprise chinoise China National Oil and Gas Exploration and Development Company Ltd (CNODC). Le clash entre les deux pays de la CEDEAO, amène le régime de Niamey vers le premier choix, la première option, le Cameroun.
À son temps, le ministre Nigérien de l’époque Hassoumi Massaoudou expliquait bien le choix du Cameroun par des raisons économiques et sécuritaire. « En cas d’abandon de l’option tchado-camerounaise, l’investissement à consentir par le Niger passerait alors du simple au double, puisqu’en plus du pipeline à construire, en territoire nigérien, il va falloir construire en intégralité un autre oléoduc du côté béninois, alors que le pipeline Tchad-Cameroun, lui, existe déjà ». Ce choix reste d’actualité aujourd’hui. Le Pipeline du Niger pourrait passer par le lac Tchad ou par le Tchad pour rejoindre l’Oléoduc du pipeline Tchad Cameroun avec l’avantage que les couts et le temps de réalisation seront bien moins importants que l’option du Benin à cela s’ajoute le clash avec les pays de la CEDEAO dont le Benin en fait partie. Une certaine instabilité autour du Cameroun entretenu par certains pays impérialistes est la preuve de l’incapacité de ceux-ci à contrôler le pays de Paul Biya et l’empêcher d’atteindre son émergence. Boko Haram en est une illustration que l’Homme du 06 Novembre a jugulé avec maestria. Voilà un projet qui aurait pu échapper au Cameroun qui s’annonce en perspective. Le mot « le Cameroun Compte rester maitre de son destin » est un crédo qui a tout son sens.
Simon Metsengue