
Présidentielle 2025 : À bas la rue !
Après le meeting de Paris, un test a été fait à Douala ce dimanche 8 juin 2025 par Maurice Kamto. Test concluant ?
La ville de Douala a été le théâtre d’un événement inhabituel mais visiblement préparé par le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC). En effet, arrivé à Douala ce samedi en provenance de Paris, Maurice Kamto a choisi d’aller à la rencontre des militants de son parti le lendemain, au siège du parti à Douala sis au quartier Deido. Cette démarche n’était pas anodine. Elle revêtait un caractère vicieux et provocateur. Tout d’abord, le Président du MRC est au Cameroun en permanence. Il est libre de ses mouvements sans aucune contrainte. Il a donc souvent tenu des assises à Douala ces derniers mois sans aucune restriction. Le 10 décembre 2022, à l’esplanade du Stade de Japoma, il a organisé un meeting d’installation des cadres du MRC pour la Région du Littoral. Il serait donc naïf de croire à un musèlement. Mais, à bien analyser la situation, Maurice Kamto aurait pu rencontrer ses militants à son domicile de Bonapriso ou à l’aéroport à son arrivée, comme pour marquer sa popularité. Non, ils se sont donnés rendez-vous à Deido.
Pourquoi Deido ?
Deido est un quartier assez délicat sur le plan sécuritaire. Il y a souvent eu des affrontements aux relents communautaires. En 2012, une émeute avait éclaté à Deido. À l’origine : l’assassinat, dans la nuit du 30 au 31 décembre 2011 (la veille du Nouvel An), d’un jeune du quartier par une personne identifiée comme conducteur de moto-taxi par la population. Sans trop bien comprendre comment, certains avaient attribué ce crime odieux à un ressortissant de l’Ouest. Le quartier a connu quatre jours d’émeutes. Des commerces vandalisés, des motos incendiées et d’autres dégâts ont été constatés ; quatre autres personnes avaient trouvé la mort. Tout ceci fait qu’il est plus facile d’aller à Deido, de tenir des propos stigmatisants et de créer une émeute. Maurice Kamto est maître en la matière, lui qui, en plein Conseil constitutionnel, a tenu des propos stigmatisants contre les Bulus en 2018. Rassembler des gens, soi-disant militants, à Deido pour venir échanger avec eux est donc trop beau pour être vrai. Le déploiement sécuritaire a donc été conséquent, face à ce qui se trame autour de ce personnage controversé. Certains jubilent du fait que Maurice Kamto aurait montré aux yeux du monde qu’il fait peur. Ils n’ont peut-être pas tort, d’autant qu’il aurait comparé ce qui pourrait se passer au Cameroun à la situation pré-électorale au Sénégal, laquelle a causé cinquante morts. Il reste tout de même une chose : ce n’est pas à Deido que sortiront ces morts, encore moins dans n’importe quel coin du pays de Paul Biya. Le test fait a donc permis aux forces de sécurité de déjouer le plan ourdi tapi dans l’ombre. Et Paul Biya de redire ce matin sur sa page Facebook ce qu’il avait dit en 1985 : « La liberté sans aucune limite est dangereuse… La liberté sans aucune retenue volontaire est source de difficultés et de désordre. » Avis donc à tous les entrepreneurs du chaos. La rue n’aura jamais droit de cité au Cameroun tant que l’urne s’exprime.
Simon Metsengue