Présidentielle 2025 : le cœur d’un frère ou l’éthique du journaliste ?

Présidentielle 2025 : le cœur d’un frère ou l’éthique du journaliste ?

Les déclarations du journaliste camerounais naturalisé français Alain Foka sur la candidature de Maurice Kamto suscitent la controverse. S’exprime-t-il en professionnel ou en “frère de village” ?

Ce 12 juin 2025, dans l’émission à Vox Africa, chaîne de télévision fondée par le milliardaire camerounais Pokam Kemogne, capitaine d’industrie bancaire , une figure majeure de l’espace médiatique international était invitée : l’ancien chroniqueur de RFI, Alain Foka. Originaire comme Kamto de l’Ouest camerounais, Foka a abordé plusieurs sujets qui ont déclenché des débats périphériques au Cameroun, éclipsant l’essentiel, notamment l’enrôlement électoral.

Il est revenu sur la candidature de Maurice Kamto à la présidentielle, alors que nul n’ignore qu’au Cameroun, comme en France (pays d’adoption de Foka), la loi et la Constitution encadrent strictement ces candidatures. Au lieu de s’en tenir à cette réalité, le “frère de village” a épousé la cause de son aîné par des propos éloignés de l’orthodoxie journalistique :
« Je n’ai pas le droit de voter dans ce pays-là. Mais la vérité, c’est : laissons tout le monde aller aux élections. Qu’on ait les résultats ».
En France, laisse-t-on “tout le monde” se présenter ? Non. Marine Le Pen est écartée par des mécanismes légaux qualifiés par certains d’”acharnement judiciaire”. N’est-ce pas flagrant ? Où est le principe de *mort kilométrique*. Sans être camerounais, on reste originaire de ce pays, du moins bamiléké. Comme dit l’adage : « On change de pays, pas de tribu ».

Or au Cameroun, seuls les candidats validés par les instances électorales sont habilités à concourir. Un soutien médiatique ne saurait tordre la loi.
Le journaliste français verse ensuite dans des approximations indignes, évoquant Bakassi :
*« [Kamto] s’est battu pour ce pays. Chacun se souvient de ce qu’il a fait pour récupérer Bakassi. Un jour opposant, le voilà diabolisé. Si j’en parle, on dira que je défends mon frère bamiléké »*.
Si l’opinion camerounaise le perçoit ainsi, c’est avec raison : rien ne justifie de réécrire l’histoire au nom des solidarités communautaires.

Rappel des faits :

Le conflit frontalier débute en **1993**. Près de **50 experts** camerounais – dont les professeurs **Joseph Owona** (ancien mentor de Kamto), **Bipoun Woum** et **Luc Sindjoun** – portent le dossier sous l’autorité du président Paul Biya. Kamto intègre l’équipe en **1999** comme doyen de Yaoundé 2, sur proposition d’ *Atangana Mebara*. La victoire repose sur *trois piliers* :
1. **Le succès militaire** (résistance face au Nigeria) ;
2. **La victoire juridique** (verdict de la CIJ en 2002) ;
3. **Le triomphe diplomatique** (accords de **Greentree** négociés par Biya et G.W. Bush en pleine guerre du Golfe, lors de la présidence camerounaise au Conseil de sécurité).

Cette histoire est documentée dans *”Ultimes Combats du Grand Nobel Africain”*. Attribuer cette victoire collective à un individu – fût-il bamiléké – relève de la malhonnêteté intellectuelle. Que ne ferait-on pour un “frère”…

Le Cameroun moderne ne se réduit pas au village : il incarne un idéal républicain. C’est ce qu’ont rappelé cette semaine des figures comme **Jean Nkueté** (SG du RDPC) ou le **Pr Luc Sindjoun** (ministre-conseiller), offrant aux ethnicistes une leçon de vivre-ensemble républicain. À méditer.

Simon Metsengue

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