
Présidentielle 2025 : le dernier round d’un Verso !
À cinq jours de la clôture officielle du dépôt des candidatures à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, le Professeur Maurice Kamto se retrouve à la croisée des chemins : persister dans sa posture de contestation systématique du processus électoral, ou s’aligner — enfin — sur les normes républicaines et démocratiques. Dilemme cornélien pour un homme politique dont la versatilité est désormais un fait établi.
Un document viral circulant depuis quelques heures sur la toile jette une lumière crue sur les tractations entourant la candidature du leader du MRC. Il s’agirait d’un acte de candidature signé le 16 juillet 2025 par le commissaire de police principal Fuh Muntoh, indiquant que Maurice Kamto se présente sous la bannière du MANIDEM. ledit document a été déposé un jour plus tôt…
Un jeu de chaises musicales partisanes ?
Dans le même temps, un communiqué signé par le Groupe de Douala, notamment Sam Baka (AFP) et Anicet Ekane (MANIDEM), alerte sur des « manœuvres douteuses » imputées au MRC, notamment des tentatives de corruption visant certains délégués du MCNC. Ces accusations visent directement le vice-président du MRC, Mamadou Mota, soupçonné d’avoir voulu détourner le soutien de ce parti initialement pressenti pour porter la candidature de Kamto.
Finalement, le choix semble s’être porté sur le MANIDEM, une formation politiquement éligible car disposant d’élus. Mais ce choix soulève des interrogations majeures quant à la légalité et la sincérité de la démarche du « pape du droit ».
Peut-on appartenir à deux partis politiques ?
L’article 3, alinéa 2 de la loi n°90/056 du 19 décembre 1990 sur les partis politiques est formel :
> « Nul ne peut appartenir à plus d’un parti politique. »
Si donc Maurice Kamto a bel et bien été investi par le MANIDEM, cela suppose sa démission préalable du MRC. Ce qui pose une autre question : Quand et comment cette démission a-t-elle été formellement notifiée ?
L’article 6 de la même loi stipule :
> « Le gouverneur territorialement compétent dispose d’un délai de quinze (15) jours francs pour transmettre les éléments du dossier au ministre chargé de l’Administration territoriale. »
En clair : la démission d’un président de parti doit être écrite, transmise au gouverneur puis validée dans un délai maximum de 15 jours par le MINAT. Si cette procédure a été respectée, pourquoi le MINAT n’en a-t-il pas fait état publiquement ? À défaut, l’acte de candidature sous une autre bannière politique serait tout simplement irrégulier et donc irrecevable.
La stratégie du chaos calculé
Face à ce flou juridique et politique, plusieurs observateurs y voient une énième tentative de Maurice Kamto de décrédibiliser le processus électoral en cours, dans le but de se poser — une fois de plus — en victime d’un système qu’il manipule pourtant à sa convenance.
Cette posture victimaire est d’autant plus prévisible qu’elle intervient après plusieurs revers médiatiques : la démission fracassante de figures politiques comme Issa Tchiroma Bakary et Bello Bouba Maïgari, rapidement éclipsée par l’annonce solennelle de la candidature du Président Paul Biya. Un coup dur pour celui qui se rêve en alternative absolue.
Après avoir échoué à contester efficacement la convocation du corps électoral, Maurice Kamto semble vouloir donner l’illusion d’un retour dans le jeu institutionnel. Mais ce retour s’opère, encore une fois, en contradiction flagrante avec les lois qu’il prétend défendre.
Une opinion lassée, un électorat averti
L’opinion publique, de plus en plus lucide, commence à se lasser de ce feuilleton aux multiples rebondissements. Peut-on prétendre incarner le renouveau démocratique tout en piétinant les règles qui l’organisent ?
Le contrat social camerounais repose sur une exigence minimale de cohérence. Or, l’accumulation de décisions contradictoires, de volte-face, et de jeux d’ombres ne fait plus illusion. Le peuple camerounais attend des leaders une constance politique et une rigueur morale.
Il ne reste plus que quelques jours pour que la vérité administrative et juridique éclate. Le tic-tac républicain continue de résonner. Et comme le dit si bien l’adage : « Qui s’y frotte, s’y pique. »
Par Simon Metsengue