Présidentielle 2025: Programmé pour échouer ?

Présidentielle 2025: Programmé pour échouer ?

La candidature de Theiller Onana a été transmise au Conseil Constitutionnel parmi la centaine enregistrée à Elecam. Si elle n’a aucune chance de prospérer, quelles leçons en tirer pour lui et pour le RDPC ?

La plateforme Élections Cameroon a déposé la centaine de candidatures enregistrées pour la présidentielle d’octobre prochain auprès du Conseil Constitutionnel pour examen. Si l’opinion est divisée quant au nombre jugé exorbitant, plusieurs candidatures sont perçues comme fantaisistes ou poursuivant d’autres objectifs que la simple participation à la présidentielle. C’est notamment le cas des candidatures du MANIDEM.

Une information largement relayée sur la toile indique que le mandataire légal du parti, en charge de délivrer l’investiture, est le « Président Yebga ». Or, l’investiture du Professeur Maurice Kamto, l’ un des deux candidats que compte ce parti, est signée par Anicet Ekane. Si cette information se confirme auprès du MINAT, tutelle des associations politiques, la candidature ne pourra pas prospérer. Maurice Kamto ne pourrait s’en prendre qu’à lui-même, car il disposait d’un boulevard pour obtenir des élus si son ancien parti, le MRC, avait participé aux élections locales de 2020. Espérons que cette information soit erronée. Mais on ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes, rappelle une sagesse populaire.

Maurice Kamto n’est pas seul dans cette démarche. Theiller Onana, second candidat sous le label du RDPC, sait que sa candidature ne sera pas validée. Pourquoi ? Parce que son dossier ne comporte pas le certificat d’investiture, celui-ci devant être délivré par le Comité Central du RDPC, selon l’article 23 alinéa 5 :
« Le Comité Central RDPC assure la direction du parti. Il accorde les investitures du parti à l’occasion des élections nationales ou locales. »

De plus, selon l’article 27 alinéa 3 :
« Le Président National assure la bonne marche du parti […] il est le candidat du parti à la Présidence de la République. »

Or, Theiller Onana, conseiller municipal de Monatele dans la Lékié, a animé un faux débat sur la caducité du mandat des instances dirigeantes du parti, arguant de la non-tenue du congrès depuis 2021. Pour lui et ses partisans, la prorogation du mandat des instances ne saurait excéder cinq ans à partir de la réunion du bureau politique du 3 novembre 2016. Selon ces complotistes, au-delà de 2021, ces mandats devraient être caduques.

Cette démarche ne vise donc pas véritablement la présidentielle d’octobre, mais plutôt à tenter d’annuler la candidature de Paul Biya, président du parti et actuel chef de l’État. Un acte qui s’apparente clairement à une trahison. Pourtant, les statuts du RDPC sont clairs et viennent dissiper ces malentendus. L’article 18 alinéa 2 stipule :
« Le Congrès définit l’orientation politique, économique, sociale et culturelle du parti ainsi que le cadre général de l’action du parti. Il se tient tous les 5 ans. Toutefois, en cas de nécessité, cette période peut être abrégée ou prorogée par le Bureau Politique. »

La confusion des complotistes repose sur une mauvaise compréhension entre « mandat » et « période ». Si le mandat est un exercice de charge élective lié à un espace-temps précis, l’article 28 alinéa 2 confère au Bureau Politique le pouvoir de modifier cette période selon les besoins. Cette disposition éclaire ainsi le complot contre le RDPC fomenté par un militant et les ennemis du parti : la période de 5 ans a été prorogée indéfiniment, pour des raisons sécuritaires liées aux crises de Boko Haram et du Nord-Ouest et Sud-Ouest. Bien que ces crises aient diminué en intensité, elles ne sont pas totalement résolues. Ainsi, les instances dirigeantes actuelles, au regard des statuts, sont pleinement légitimes et compétentes.

Les leçons pour le RDPC

Le RDPC, plus grande formation politique du pays, contient en son sein des aventuriers prêts à sacrifier son hégémonie pour des intérêts personnels inavoués. Il est donc essentiel de veiller à la rigueur du fonctionnement des organes de base, de la cellule à la section. Trop souvent, des individus en quête de postes électifs ou administratifs s’y greffent sans réel engagement. Toutefois, cette situation a permis de mieux faire connaître à l’opinion le cadre légal du parti du Flambeau, qui ne tolère aucune polémique infondée.

Quant à Theiller Onana

Il finira par comprendre qu’on ne peut intégrer un parti sans en connaître les statuts. Élu conseiller municipal en février 2020 à Monatele, après avoir rejoint le parti quelques mois auparavant au sein du comité de base du village d’Émana, il n’a pas jugé nécessaire de s’imprégner des textes régissant le parti. S’il avait détecté une infraction dans l’application des statuts, il aurait dû, en bon militant, en référer aux instances juridiques de son comité de base ou de la section pour corriger la situation. Au lieu de cela, il a décidé de porter un coup contre le parti. Mauvaise stratégie : la structuration et le cadre légal du RDPC sont solides.

Il sera donc convoqué devant le conseil de discipline pour trahison. Les instances juridiques trancheront, avec à la clé une exclusion temporaire ou définitive. Il ne sera pas le premier : le Professeur Messanga Nyamding a déjà expérimenté cela.

Vigilance, vigilance, vigilance, car comme on le dit : « Un ami irresponsable est bien plus dangereux qu’un ennemi déclaré. »

Simon Metsengue

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